En 2023, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies a recensé une recrudescence de foyers infectieux liés à la résistance aux antibiotiques dans plus de 30 pays. Certaines pathologies réapparaissent alors même que des stratégies de vaccination existent depuis des décennies. Les experts constatent par ailleurs une augmentation des maladies liées à la pollution atmosphérique, malgré l’adoption de nouvelles normes environnementales.
Des rapports récents mettent en évidence l’interdépendance entre santé humaine, changements climatiques et mobilité internationale. L’Organisation mondiale de la santé recommande d’actualiser régulièrement les plans de prévention pour anticiper les risques émergents et limiter leur impact sur les populations.
Panorama des principales menaces pour la santé publique selon l’OMS et les experts internationaux
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) dresse chaque année une cartographie précise des principales menaces pour la santé publique. Parmi ces dangers, la pollution de l’air se distingue comme l’un des fléaux majeurs qui pèse sur la santé humaine et l’environnement. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : chaque année, l’exposition chronique aux particules fines (PM2.5), reconnues comme cancérogènes par le Centre international de recherche sur le cancer, se solde par sept millions de décès prématurés à travers le monde. En France, ce phénomène provoque près de 40 000 morts par an, en plus de représenter un fardeau économique faramineux, évalué entre 68 et 97 milliards d’euros.
Les maladies non transmissibles, cancers, diabète, maladies cardiovasculaires, s’imposent aussi dans ce sombre tableau. Elles sont désormais responsables de 70 % des décès mondiaux. Plusieurs habitudes et facteurs les alimentent : tabac, alcool, choix alimentaires déséquilibrés, pollution… Malgré les campagnes de prévention et les efforts pour améliorer l’accès aux soins, la tendance demeure difficile à renverser, surtout dans les pays où la couverture sanitaire reste fragile.
Du côté des maladies infectieuses, la vigilance reste de mise. L’OMS fait état d’une progression de la rougeole de 30 % entre 2016 et 2018, y compris sur le territoire français. Si la vaccination sauve chaque année 2 à 3 millions de vies, une couverture plus large permettrait d’en protéger 1,5 million de plus. Mais la résistance aux antimicrobiens vient compliquer la lutte : infections comme la pneumonie, la tuberculose ou la salmonellose deviennent plus difficiles à traiter. Les bactéries multi-résistantes sont responsables de 700 000 infections et 33 000 décès annuels sur le continent européen, comme le souligne l’ECDC.
Les agents pathogènes à risque ne relâchent pas la pression. L’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest (2014-2016) a coûté plus de 11 000 vies. La dengue, elle, touche chaque année 390 millions de personnes. L’apparition de nouveaux virus impose une surveillance continue des autorités sanitaires et des institutions internationales.
Maladies émergentes, facteurs environnementaux : quels impacts concrets sur nos sociétés ?
L’émergence de nouvelles maladies et la pression des facteurs environnementaux bouleversent en profondeur non seulement la santé publique, mais aussi l’économie et le tissu social. La pollution de l’air, qui cause chaque année sept millions de décès prématurés dans le monde, en est un exemple éclatant. En France, près de 40 000 décès annuels lui sont attribués, ce qui représente 7 % de la mortalité totale, pour un coût socio-économique estimé entre 68 et 97 milliards d’euros selon la commission sénatoriale.
Pour comprendre les sources majeures de cette pollution, voici les principaux responsables :
- Trafic routier
- Chauffage au bois
Ces activités rejettent dans l’air particules fines et composés toxiques, qui s’infiltrent dans nos organismes. Les PM2.5, classées cancérogènes par le CIRC, provoquent des affections respiratoires et cardiovasculaires, déclenchent des accidents vasculaires cérébraux, des cancers, et affectent aussi les enfants, augmentant le risque d’asthme ou de leucémie.
Le dérèglement climatique aggrave encore davantage la situation : canicules en série, propagation de maladies infectieuses comme le paludisme ou la dengue, dégradation de la qualité de l’eau, menaces sur la sécurité alimentaire… Selon l’OMS, le réchauffement pourrait entraîner 250 000 décès supplémentaires chaque année entre 2030 et 2050.
L’accès aux soins reste un autre défi de taille. Aujourd’hui, 22 % de la population mondiale n’a toujours pas accès aux soins de base, conséquence directe de la sécheresse, de la famine, des conflits ou du réchauffement. Ce manque fragilise les populations face aux menaces nouvelles et accentue les écarts sanitaires.
Prévention, préparation, gestes essentiels : comment agir face aux risques sanitaires actuels ?
Répondre aux risques sanitaires exige une organisation solide, à la fois collective et individuelle. L’accès aux soins primaires joue un rôle déterminant pour limiter les conséquences des épidémies, des maladies chroniques et des dangers liés à l’environnement. Pourtant, près d’un quart de la population mondiale vit encore sans services de santé de base, ce qui retarde la détection et la prise en charge des maladies.
La vaccination demeure l’arme la plus efficace contre de nombreux agents infectieux, en évitant chaque année des millions de décès selon l’OMS. Étendre la couverture vaccinale permettrait de sauver encore beaucoup plus de vies. Face à la résistance aux antimicrobiens, la vigilance s’impose dans les prescriptions d’antibiotiques et la surveillance épidémiologique, à l’appui des chiffres publiés par l’ECDC sur les bactéries multi-résistantes.
Agir sur les maladies non transmissibles se joue au quotidien : réduire le tabac, limiter l’alcool, privilégier une alimentation équilibrée, et lutter contre la pollution. Les agences de santé comme Santé publique France et l’INCa intensifient les campagnes et les politiques préventives.
Enfin, renforcer la préparation des systèmes de santé passe par l’anticipation des urgences, la formation continue des professionnels et la coordination entre tous les acteurs du secteur. S’engager sur cette voie, c’est miser sur une société plus résiliente face aux défis sanitaires d’aujourd’hui et de demain.
La santé publique ne se joue pas derrière des portes closes, elle se construit dans chaque décision collective, chaque geste préventif, chaque alerte prise au sérieux. Rester attentif, s’adapter, c’est déjà dessiner un avenir moins vulnérable aux menaces qui s’annoncent.