Depuis le 1er octobre 2023, la prise en charge à 100 % du vaccin contre le zona concerne uniquement certaines tranches d’âge ou profils médicaux. Les personnes immunodéprimées bénéficient d’un accès prioritaire, alors que d’autres, pourtant à risque, restent exclues du remboursement intégral.Cette mesure s’accompagne de critères d’éligibilité précis, définis par les autorités de santé, qui conditionnent l’accès au vaccin sans avance de frais. Les modalités varient selon le type de vaccin disponible et les recommandations actualisées.
Pourquoi la vaccination contre le zona est-elle recommandée après 65 ans ?
Le zona ne frappe pas au hasard. Il attend que les défenses naturelles faiblissent, profitant de l’usure du corps pour ressurgir quand on s’y attend le moins. À l’origine, un virus familier : le virus varicelle-zona (VZV), qui se fait oublier après une varicelle d’enfant, restant tapi dans le système nerveux. Passé 65 ans, la vigilance immunitaire s’étiole, et le zona refait surface, accompagné d’une éruption cutanée douloureuse qui ne se limite jamais à une gêne passagère.
Ici, chaque année, sur 100 000 Français, 346 sont touchés ; mais la proportion bondit chez les plus âgés. Franchir 65 ans, c’est voir le risque d’hospitalisation grimper brutalement, multiplié par huit. Le zona ne se contente pas d’être une maladie de peau : les douleurs post-zostériennes (DPZ) s’installent parfois pour de longs mois, voire plus, imposant leur lot de souffrances principalement chez les seniors.
Certains facteurs augmentent la probabilité de déclenchement du zona ou de complications. Les voici clairement identifiés :
- Âge avancé
- Immunodépression
- Affections chroniques (diabète, maladies cardiovasculaires, lupus, polyarthrite rhumatoïde, MICI, cancers)
- Traitements immunosuppresseurs (corticoïdes, chimiothérapie)
- Être une femme et un stress prolongé
Selon le calendrier vaccinal de la France, la recommandation cible les 65 ans et plus. Ce cap n’est pas choisi au hasard : c’est justement là que le risque s’emballe, que la prévention vaccinale vise à éviter l’enchaînement maladie et complications lourdes.
Critères d’éligibilité et personnes concernées par la gratuité du vaccin
Depuis le 14 décembre 2024, le vaccin Shingrix est remboursé à 65 % par l’Assurance maladie, sur une base tarifaire fixée à 188,37 euros TTC. La Haute Autorité de Santé (HAS) a dessiné un périmètre précis pour cette couverture.
La vaccination contre le zona s’adresse principalement aux personnes de 65 ans et plus. Ce groupe concentre l’essentiel des formes sévères et des complications, à commencer par les douleurs persistantes. Les adultes à partir de 18 ans, s’ils présentent un risque particulier (immunodépression, maladies chroniques comme certains cancers, maladies auto-immunes, insuffisance rénale chronique, MICI, polyarthrite rhumatoïde ou traitement immunosuppresseur), sont eux aussi éligibles à la gratuité.
En revanche, les adultes de 50 à 64 ans qui n’ont aucun facteur de risque sont exclus de la prise en charge, même si le zona ne leur est pas totalement étranger. Ce choix s’explique aussi par la nature du vaccin Shingrix : sous-unitaire et recombinant, il se dispense des contre-indications qui pèsent sur le Zostavax (vaccin vivant), ce qui le rend sûr même chez les patients fragilisés.
En France, cela concerne près de 16 millions de personnes. La marche à suivre reste simple : prescription médicale et respect du calendrier vaccinal mis à jour.
Ce que la prise en charge du vaccin change concrètement pour votre santé
Bénéficier du vaccin Shingrix sans payer de sa poche ouvre un tournant pour la prévention du zona et toutes ses conséquences. L’administration suit un schéma à deux doses, espacées de deux à six mois, garantissant une solide protection immunitaire. Les résultats des grandes études cliniques Zoster-006 et Zoster-022 ne laissent guère de doute : 91,3 % d’efficacité contre le zona chez les personnes de plus de 50 ans en bonne santé immunitaire. Chez les personnes immunodéprimées, l’efficacité reste significative à 68,2 %.
Se vacciner, ce n’est pas simplement écarter le zona. C’est aussi limiter très fortement le risque de douleurs post-zostériennes : la fréquence de ces douleurs chroniques chute de 87 % parmi les vaccinés. Cette protection surpasse nettement celle de l’ancien vaccin vivant atténué, le Zostavax, qui plafonnait à moins de la moitié d’efficacité contre le zona et autour de 66 % seulement contre les douleurs prolongées.
Le remboursement du vaccin facilite la co-administration : aujourd’hui, Shingrix peut être injecté en même temps que le vaccin contre la grippe, la Covid-19 ou lors des rappels de DTP (diphtérie-tétanos-poliomyélite). Une avancée concrète pour éviter de multiplier les séances de vaccination, surtout pour celles et ceux dont la mobilité est réduite.
Des perspectives inattendues apparaissent : selon une étude parue en avril 2025, la vaccination contre le zona pourrait, à elle seule, réduire d’un cinquième le risque de démence. Des recherches menées en Corée du Sud suggèrent aussi une diminution notable du risque d’AVC ou d’infarctus chez les personnes vaccinées. Si ces tendances se confirment, le bénéfice s’étendrait bien au-delà de la seule éruption cutanée.
Du côté des effets indésirables, rien de réellement inquiétant : la douleur au point d’injection reste l’effet le plus rapporté (par plus de 80 % des personnes vaccinées), suivie parfois de rougeur, fatigue ou fièvre passagères. Pour les publics vraiment à risque, l’équilibre entre effets secondaires et bénéfices penche nettement en faveur de la vaccination.
Prendre cette avance sur le zona aujourd’hui, c’est s’offrir la perspective d’années sans douleurs résiduelles ni épisodes qui clouent au lit. Rester maître de sa santé, c’est parfois simplement accepter un coup de pouce scientifique, et pour des millions de personnes, ce simple geste change la trajectoire du quotidien.